Lettre circulaire 2008 – Newman et Rome

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Dr. Brigitte Maria Hoegemann FSO

Longtemps avant que Newman ne visite Rome, la ville devait déjà résonner en lui. Son seul nom lui rappelait non seulement l’antique Cité, le Royaume, la République, l’Empire, son apogée et son déclin, son histoire prestigieuse de trois mille ans, mais aussi son immense soif de pouvoir et sa culture unique à la fois païenne et chrétienne. La Rome antique était déjà un sujet d’intérêt particulier pour le jeune étudiant d’Oxford. Il y voyait probablement aussi le centre visible de l’Église catholique du temps des Apôtres. Le professeur avait la conviction, déjà depuis sa jeunesse à Ealing, que la foi chrétienne était devenue au fil du temps tellement corrompue que plusieurs considéraient Rome comme l’oeuvre de l’Antéchrist. Le seul nom de la ville éveillait en lui des notions et des émotions à la fois heureuses et douloureuses. Dans une de ses oeuvres, il fait dire à un anglican qui évoque la ville: «Un chrétien ne peut jamais la considérer sans pensées des plus amères, des plus aimantes et des plus mélancoliques.»[1] Au cours de son cheminement personnel, l’attitude de Newman visà- vis de Rome devient plus simple et plus claire. Il visite la Ville éternelle à quatre reprises, dans les troisième, quatrième, cinquième et septième décennies de sa vie. Ces visites sont des points de repères biographiques soulignant ses changements d’attitude face à la Ville et à l’Église. Il visite Rome pour la première fois, au printemps de 1833, à l’invitation d’amis, pour un long voyage en Europe méridionale. Newman est alors jeune érudit d’Oxford, professeur déjà connu d’Oriel Collège, prêtre ordonné de l’Église anglicane dont les homélies et l’enseignement portent la marque de ses études sur les premiers chrétiens.

Treize ans plus tard, en novembre 1846, il revient à Rome comme jeune laïc, catholique romain depuis un an. Au Collegio di Propaganda Fide, il vient se préparer à la prêtrise et réfléchir à sa nouvelle vocation. A son départ de Rome, en décembre 1847, il est prêt à fonder un Oratoire anglais à Maryvale, près de Birmingham.

À nouveau, dix ans plus tard, du 12 janvier au 4 février 1856, le Dr Newman, prévôt de l’Oratoire de Birmingham et recteur de l’Université catholique de Dublin, réside à Rome pour une brève période afin de ‘traiter des affaires concernant l’Oratoire’[2]. Suite à des différents entre les deux maisons anglaises de Birmingham et de Londres face à l’interprétation de la vocation d’un oratorien anglais, il se sent obligé de clarifier la matière avec la Propaganda Fide et le Saint- Siège.

Enfin, appelé par le pape nouvellement élu, il revient à Rome à l’âge de soixante dix-neuf ans, pour quelques semaines, du 24 avril au 4 juin 1879. Le 12 mai, au cours d’une cérémonie à la résidence du cardinal Howard, il reçoit le biglietto officiel par lequel le pape Léon XIII l’élève au cardinalat. Il le remercie dans son fameux discours de réception du biglietto. Le 15 mai, le pape Léon XIII lui remet le chapeau de cardinal.

I. Premières impressions de Rome (1833)

1. Rome est un lieu merveilleux – Rome est un lieu cruel

Quant à Rome, c’est l’endroit le plus merveilleux du monde. Nous n’avons pas besoin de Babylone comme spécimen de l’influence de notre Grand Ennemi contre le Ciel (qui maintenant prend une allure plus astucieuse), c’était un temple de l’impiété. Le Colisée est une Tour de Babel et ce n’est qu’un des nombreux grands monuments qui stupéfient les gens. Lorsque vous entrez dans le musée, vous êtes dans un deuxième monde fait de goût et d’imagination. La collection des statues est sans fin et tout à fait ravissante. L’Apollon est indescriptible – ses moulages n’en donnent qu’une pâle idée. Il est renversant. Et les grands tableaux de Raphaël, à ne critiquer qu’avec des yeux d’experts, parlent naturellement aux profanes. Jamais je n’aurais pu imaginer quelque chose d’aussi surnaturel que l’expression de ces visages. Leur étrange simplicité d’expression et leur air de petit garçon font leur grand charme. Après cela, vous devez regarder Rome comme un lieu de religion. Et c’est alors que des sentiments partagés vous envahissent. Vous êtes au lieu du martyre et de la sépulture des Apôtres et des saints; vous avez autour de vous les monuments et les panoramas qu’ils avaient sous les yeux ; vous êtes dans la ville qui a porté la grâce de l’Évangile en Angleterre. Et, en plus de tout cela, les superstitions ; et, ce qui est pire, leur acceptation solennelle comme éléments essentiels du christianisme ; vous contemplez l’extrême beauté et la richesse des églises qui, pour les plus célèbres d’entre elles, ont été construites (en partie) grâce à la vente des indulgences. Vraiment, c’est un lieu cruel ! (LD III, 240/241)[3].

Lorsqu’il écrit ce passage, le 7 mars 1833, Newman entreprend un long voyage avec de bons amis. L’archidiacre Froude l’a invité à l’accompagner, de même que son fils Richard Hurrel Froude dont la santé délicate nécessite un changement d’air. Ils se mettent en route le 8 décembre 1832 à bord de l’Hermès, un navire de ravitaillement pour les troupes anglaises de la Méditerranée. Pour les passagers, les installations sont agréables. Ils se rendent d’abord à Gibraltar, puis à Malte où ils séjournent un mois avant d’arriver à Rome, le soir du 2 mars, en provenance de Naples. Newman écrira beaucoup de lettres de la Ville éternelle, où, avec ses amis, ils passent tout le mois de mars et la première semaine d’avril 1833.

Dans la plupart de ces lettres, il intrigue le lecteur par ses commentaires contrastés et même contradictoires alors qu’il donne ses impressions et dévoile la nature complexe de ses premières réactions. Dans le texte ci-dessus, il distingue trois principales visions de Rome. Il y a d’abord la Cité antique et l’Empire que Newman rappelle, non pas tellement pour son pouvoir et son importance politique, mais pour sa grandeur païenne (249) et sa révolte contre l’unique et éternel Dieu, tel que stigmatisée par les visions de Daniel. Il qualifie le Colisée de Tour de Babel, puis compare le détestable pouvoir romain’ à Babylone ou à ‘la quatrième bête de la vision de Daniel qui persécute l’Eglise naissante’ (253). Un autre exemple de ses lettres écrites à Rome ne peut être plus clair :

La première notion qu’on a de Rome est celle de la grande ennemie de Dieu, la quatrième monarchie. La vision de la ville dans cette perspective est terrible : la taille immense des ruines, l’idée des fins auxquelles elles étaient destinées, la vue des arènes où Ignace souffrit, les colonnes de l’orgueil païen avec les inscriptions encore lisibles, le chandelier juif encore parfait dans chacune de ses lignes sur l’arc de Titus, stigmate du courroux de Dieu contre la méchanceté de Satan (231).

La deuxième vision de Rome est celle d’un monde d’une exceptionnelle beauté. Newman ressent avec délice ‘la beauté intellectuelle des décors’ (240) de Rome. Il mentionne des exemples célèbres de sculptures antiques et de peintures de la Renaissance,[4] il parle des belles églises, des ponts stupéfiants, des fontaines et d’autres exemples re – marquables d’architecture, partageant avec ses correspondants ce monde si différent et ‘si frais’, un monde de ‘goût et d’imagination’ (240). Sa description vivante des deux charmantes fontaines de la place St-Pierre est séduisante et peut servir ici d’exemple. Il les compare à ‘deux gracieuses dames blanches, vêtues de robes des plus jolies et des plus argentées’.

Le plus haut jet du milieu est entouré d’une multitude d’autres, tous si bien combinés qu’en retombant, au lieu de former un cours d’eau ou une masse compacte, l’eau se vaporise finement, subtilement, tournoyant autour des jets comme le plumage d’un cygne ou la mousseline de la robe de la dame blanche. Les gouttelettes se jettent contre un rebord puis contre un autre, si bien que l’effet d’ensemble ne peut se comprendre que par comparaison. Je suis incapable d’en décrire l’effet réel. La caresse du vent en fait une mousseline frémissante (264).

En troisième lieu, il parle de Rome comme d’un endroit marqué d’une façon unique par son histoire chrétienne et la présence du christianisme. Pourtant, le témoignage de cette histoire évoque en lui respect et colère. Il éprouve du respect à la vue des tombes des premiers martyrs ou, à la tombe du pape Grégoire I, de la reconnaissance pour saint Augustin qui porta la foi en Angleterre. D’autres endroits suscitent la colère en lui. Il ne peut pas jouir pleinement de la beauté de St-Pierre parce que le lieu lui rappelle le commerce des indulgences. Et puis, il y a dans les églises et dans les rues les nombreuses statues de saints avec des bougies devant lesquelles des gens s’agenouillent, signes qui évoquent pour lui des superstitions et leur ‘acceptation comme des éléments essentiels du christianisme’ (241).

Pour sa troisième vision de Rome ‘comme lieu de religion’, les idées, les impressions et les jugements manifestent une appréciation, pour ensuite s’opposer et même se contredire. Ils se succèdent si rapidement que Newman n’arrive plus à formuler des phrases complètes. Il énumère seulement ce qui surgit à son esprit, communiquant ainsi au lecteur ‘ses sentiments partagés’ que lui inspirent les sites et qu’en donne son interprétation.

Bien que certains de ses commentaires et de ses jugements soient sévères, du fait des ruines gigantesques et de ce qui leur est associé, le refrain constant de toutes ses lettres adressées à sa famille et à ses amis est une louange de la Ville éternelle :

Rome est de toutes les villes la première ; et tout ce que j’ai déjà vu n’est que poussière, y compris ma chère Oxford, comparé à sa majesté et à sa gloire (230). Rome devient chaque jour plus merveilleuse (231).

Au cours de son premier séjour à Rome, Newman a les sens éveillés par le respect ou encore par la lumière et la beauté charmante du lieu. Et pourtant, il souffre à la vue de ce qui lui semble des éléments antichrétiens qu’il appelle : le ‘système romain’, parfois même le travail de l’Antéchrist[5] dans l’Église catholique romaine.

2. Le système catholique très aimé – Le système catholique romain détesté

Dans certaines de ses dernières lettres écrites lors de sa première visite à Rome, Newman développe sa troisième vision de Rome, le siège central de l’Église catholique romaine, comme un symbole de son système. ‘En ce qui a trait au système catholique romain, je l’ai toujours détesté ; à tel point qu’en le voyant, je ne peux plus le détester davantage ; bien que je sois capable de mieux défendre mon opinion et de la ressentir plus vivement, je demeure attaché au système catholique plus que jamais’ (273). Il affirme même que la Rome catholique du 19ième siècle demeure toujours, ‘d’une certaine manière, l’unique vestige des quatre grands ennemis de Dieu – Babylone, la Perse, la Macédoine ayant à peine laissé de traces derrière elles – la dernière et plus terrible Bête est devant nous, proposée à notre contemplation, avec toutes ses plaies’ (248/9). Il déclare :

Je ne peux pas me défaire totalement de l’idée que la Rome chrétienne est d’une certaine manière sous une ombre spéciale comme l’était[6] certainement la Rome païenne – bien que je n’aie rien vu ici qui puisse le confirmer. Non pas que l’on puisse tolérer un instant la perversion pitoyable de la vérité qui est sanctionnée ici, mais je ne vois pas comment dire clairement qu’il y ait quelque chose de particulier dans la condition de Rome ; et le clergé, quoique assoupi, a une réputation très convenable (258).

La réserve et la prudence discrètes avec lesquelles Newman expose son opinion sur le catholicisme romain, alors qu’il en a une expérience de première main, lui sont typiques. En dépit du fait qu’il affermissait l’héritage de ses idées négatives et ses opinions critiques sur l’Église catholique romaine, son attitude permet de supposer qu’il garde en même temps un esprit et un coeur ouverts, non seulement à une nouvelle façon de voir mais aussi à l’intervention de la providence.

Newman découvre avec fascination que dans beaucoup d’églises de Rome ‘les matériaux et les monuments de l’époque impériale’ ont été repris

… au bénéfice de la religion. Certains sont les monuments antiques eux-mêmes, comme le Panthéon et une partie des Thermes de Dioclétien transformée en église. Et tous, St-Pierre, St-Jean du Latran, etc., sont enrichis de marbres que seul le pouvoir romain antique pouvait avoir accumulés (235). Ce fait lui devient un aspect symbolique de l’Église catholique romaine. Selon sa conviction du moment, c’est un amalgame qui dé – forme de plus en plus les grandes vérités chrétiennes, pour finalement négliger de défendre l’enseignement chrétien et la vie du christianisme antique, qu’il aime tellement, contre les influences du monde païen environnant.

Il ancre davantage le préjugé reçu de son enfance que Rome, païenne ou chrétienne, Empire de l’antiquité ou Église catholique romaine, en tant qu’institution, est et sera sous la colère de Dieu. En tant que protestant, il est convaincu que Rome est un système d’église centré sur l’Antéchrist, du fait d’être fondé sur le pape. Trente et un ans plus tard, Newman décrira dans son Apologia[7] le lent processus qui l’a fait dépasser le préjugé fondamental du protestantisme contre le système de foi catholique romain.

Dans le second chapitre de la seconde édition de l’Apologia (1865), Newman rappelle qu’à partir de l’âge de quinze ans, il a connu et défendu le dogme comme principe fondamental de la religion et cru en une Église visible avec des sacrements, des rites et un système épiscopal. Mais il insiste aussi sur le fait qu’en même temps, il croyait fermement que ‘le pape était l’Antéchrist’. Dix ans plus tard, à Noël 1824, il affirmait toujours cette conviction.

Sous l’influence de Richard Hurrel Froude et de Keble mais plus encore de l’étude approfondie des Pères de l’Église, il écrit perdre un peu de son amertume face à la papauté et au romanisme. En 1822/1823, il est moins explicite sur l’affirmation du protestantisme extrême que le pape personnifie l’Antéchrist mais il déclare encore que ‘l’Église de Rome’ au moment du concile de Trente s’est ‘liée à la cause de l’Antéchrist’. Plus tard encore, il demeure convaincu que ‘l’Église de Rome’ est l’un ‘des nombreux Antéchrists’ prédits par saint Jean. Finalement, cette opinion s’atténue : Rome porte en elle quelque chose de ‘très anti-chrétien’ ou de ‘non chrétien’ (APO, 194). Peu à peu, il apprend à avoir ‘de tendres sentiments’ pour l’Église catholique romaine, particulièrement pour ‘sa fidélité à la doctrine, à la règle apostolique du célibat et à bien d’autres coutumes de l’Église primitive’ (APO, 196). Pourtant, en 1833, il maintient son jugement négatif à l’endroit de l’Église romaine comme institution (APO, 196)[8].

Avec de telles convictions, Newman voyage avec les Froude à travers l’Italie. Il n’est pas étonnant qu’ils évitent, comme il s’en rappelle en 1864, ‘tout contact avec des catholiques’ durant leur voyage (APO, 167). Et quand même, certains contacts étaient inévitables à titre d’observation : une messe pontificale, visite de quelques églises et sanctuaires, rencontres avec quelques prêtres, observation de quelques jeunes séminaristes.

Dans une de ses lettres,[9] il raconte la célébration de l’Annonciation[10] à l’église Santa Maria sopra Minerva. En quelques sept cents mots, il décrit la pompe, le spectacle, les luxueux linges d’autel, les vêtements, le Souverain Pontife, la religieuse ‘cour de Rome’, les somptueux habits des cardinaux et des prêtres et les multiples cérémonies. Pour conclure, il déclare simplement : ‘En outre, on célébrait la messe’. Encore trois cents mots supplémentaires de descriptions et de commentaires sur les quatre bêtes de la vision de Daniel et la déclaration solennelle que l’Église romaine s’est liée elle-même à l’ennemie de Dieu, et il termine ainsi son récit :

Et tout de même, alors que je regardais ces rites chrétiens de la présentation du Saint-Sacrement offert et les bénédictions, recueilli que j’étais parce que dans une église, dans ma perplexité, je ne pus que prononcer ces paroles : ‘Comment pourrais-je te nommer ? Lumière du vaste Occident (232) ou atroce erreur d’attribution ?’ [11] J’ai alors senti la force de la parabole de l’ivraie : qui peut séparer la Lumière des Ténèbres, si ce n’est la Parole créatrice qui prédit leur union ? Je suis alors obligé de repousser la question, faute d’y trouver de réponse adéquate. Comment te nommerai-je ? (268)

Pour la première fois, dans une atmosphère de fête, il assiste à la messe. La pompe avait tout ce qu’il fallait pour le distraire du mystère central. Il raconte longuement son déplaisir et son aversion. Ce – pendant, après cette expérience, il ne peut que reconnaître et admettre la présence du bon grain dans cette mauvaise herbe. Se rappelant la recommandation du Seigneur dans ‘la parabole de l’ivraie’, il confesse sa perplexité, reconnaissant que Dieu seul peut séparer la Lumière des Ténèbres. Il fait remarquer qu’il ne lui revient pas de trouver l’issue de cette question difficile. Il cite deux vers de son premier poème sur Rome. Répétant les premiers mots, il les transforme en un cri du coeur, une véritable question adressée à l’Église romaine, demandant une réponse : ‘Comment te nommerai-je ?’

Dans l’Apologia, il raconte qu’en Sicile il a été très impressionné par les sanctuaires et les nobles églises ainsi que par la dévotion des gens. Il se souvient du ‘réconfort’ ressenti en visitant les églises. Il avait été impressionné par le chant d’une église isolée de la campagne sicilienne, alors qu’il se promenait vers six heures du matin. Quel ne fut pas son étonnement de voir cette église bondée à une heure si matinale ! Il ajoute : ‘Bien sûr, c’était la messe ! À ce moment-là, je ne le savais pas !’ (APO, 195)

Durant leur voyage, les Froudes et Newman ne rencontrent que quelques prêtres : le doyen de Malte avec qui ils parlent des Pères de l’Église ; à Rome, l’Abbé Santini qui lui fournit des chants grégoriens; le Dr Wiseman, recteur du collège anglais, dont il entend une homélie et qu’il revoit deux fois avant de quitter Rome. Le seul autre prêtre qu’il rencontre en Italie est celui qui vient à son chevet en Sicile. Pourtant, Newman parle des jeunes séminaristes qu’il voit à Rome :

‘Ils ont toute ma sympathie et je les aime bien les petits moines de Rome ; ils paraissaient si innocents et si intelligents, pauvres garçons!’ Il en parle encore comme les ‘enfants de toutes nations et langues’ qui, au collège de la Propaganda Fide, ‘se préparent à devenir missionnaires’ (273, 279). En dépit de la certitude, acquise dès l’âge de quinze ans, que Dieu l’a appelé à une vie de célibat pour être libre en vue du bien de tous (APO, 127), et en dépit du fait que, dans l’Apologia, il se souvient d’avoir eu tôt dans sa vie le respect de la règle apostolique du célibat qu’avait maintenue l’Église romaine, son commentaire amusant de ‘pauvres garçons’ semble impliquer une critique. Dans une lettre écrite quelques jours plus tard, il parle d’ailleurs de la ‘coutume du célibat forcé pour le clergé’ (289). Manifestement, il ne comprend pas encore que, si Dieu appelle quelqu’un à la prêtrise ou à une vie consacrée et si cette personne, en toute liberté, répond à son appel, sa réponse surnaturelle dans la foi, l’espérance et l’amour le rend capable, avec la grâce de Dieu, de faire un libre don de lui-même pour suivre l’exemple de Jésus Christ, qui a vécu une vie de célibat et de virginité parmi nous. Newman ne pouvait imaginer à ce moment là, que treize ans plus tard, à l’âge de quarante-six ans, il étudierait avec les séminaristes du collège de la Propaganda pour devenir prêtre. Quelques jours après avoir quitté Rome, convaincu de ne jamais la revoir, il résume ainsi son expérience :

Rome est vraiment un lieu très difficile à définir, du fait de la présence du bien et du mal – l’Etat païen était détestable et le système chrétien y est corrompu d’une façon déplorable – et pourtant, la poussière des Apôtres y repose et les membres du clergé sont leurs descendants (287).

Et encore :

Oh, si Rome n’était pas Rome ! Mais je crois voir, aussi clair que le jour, que l’union avec elle est impossible. C’est une Église cruelle, demandant l’impossible, nous excommuniant pour désobéissance, attendant et se réjouissant de notre chute prochaine (284).

Le simple ton de son exclamation, l’identification de Rome à l’Église, le fait qu’il déclare que l’Église Romaine a ‘excommunié’ les anglicans au 19ième siècle, ce qu’il dit des demandes qui lui ont été adressées et qui n’ont pas été satisfaites, montrent combien il souffre profondément de la blessure séculaire de la désunion. Il est de moins en moins capable de penser à l’Église anglicane sans la voir en relation avec l’Église dont elle est séparée. Très éloquente est sa supposition selon laquelle l’Église catholique attend l’imminente chute de l’Église d’Angleterre pour s’en réjouir.

Dans l’Apologia , Newman rappelle la visite d’adieu à Wiseman, pour laquelle il était accompagné des Froudes. Le recteur avait gentiment exprimé son espoir de les revoir à Rome ; ce à quoi il avait répondu avec solennité : ‘Nous avons du travail à faire en Angleterre’ (APO, 170). Ce solennel espoir d’une mission qui l’attendait en Angleterre revêtait le caractère d’une conviction existentielle et d’un besoin qu’il avait ressenti lors de sa maladie en Sicile. Il était convaincu qu’il ne mourrait pas, affirmant que ‘Dieu a encore du travail pour moi’.[12] De retour à Oxford, il entend Keble prêcher son sermon sur l’Apostasie nationale, le 14 juillet 1833, et il a la forte impression que c’est le début d’un mouvement de renouveau dans l’Église anglicane. Newman reconnaît le Mouvement d’Oxford comme ‘cette oeuvre dont j’avais rêvé et que je sentais si importante et si passionnante’ (APO, 182). Ce n’est que très progressivement qu’il réalise que ce qu’il considérait comme son travail propre de consolider le catholicisme anglais dans l’Église d’Angleterre, combattant ainsi les forces du libéralisme en religion, lui avait été retiré des mains. Il accepte petit à petit que Dieu fasse son travail en lui, ne désirant rien d’autre que de se laisser mener à demander la pleine communion avec l’Église catholique.

II. Chez soi à Rome (1846-1847)

1. La joie d’être catholique

Lorsque Newman eut embrassé l’Église catholique vue comme la véritable héritière de l’Église primitive des Pères et qu’il fut reçu à Littlemore dans la communion de l’Église catholique par le père passioniste italien, Domenico Barberi[13], ce fut Mgr Wiseman qui le confirma[14] le jour de la Toussaint 1845 à Oscott, en compagnie de St John, Walker et Oakeley. L’ancien recteur du collège anglais à Rome, que Newman avait rencontré en 1833, était entre temps devenu président du nouveau collège d’Oscott, près de Birmingham, et coadjuteur du vicaire apostolique du district de Midland. Il offre à Newman et à ses amis convertis, l’ancien séminaire du district de Midland, ‘sans loyer, contrat, contrôle ou responsabilité que ce soit’ (79).

En février 1846, Newman quitte Littlemore pour Maryvale, le nouveau nom d’Oscott, pour une autre période de vie commune avec quelques-uns de ses amis maintenant catholiques. Cet endroit lui semble un ‘refuge’ idéal, puisqu’ils ‘avaient encore à découvrir la vocation de chacun et de tous’. La situation de la maison semble parfaite, quelques milles seulement de Birmingham qui, à cette époque, était l’un des ‘principaux viviers du catholicisme’ (79). Bien que Newman ait vécu pendant de longues années à Oriel College, près de la chapelle, avec entrée directe sur la tribune de l’orgue, cela lui semble totalement différent de vivre à Maryvale, côte à côte avec le Seigneur, présent dans le tabernacle :

J’écris de la pièce jouxtant la chapelle. C’est une grâce tellement incompréhensible d’avoir le Christ, physiquement présent, dans sa propre maison, dans ses propres murs, que cela éclipse tout autre privilège, annihilant toute souffrance. Le savoir tout près, pouvoir encore et encore, tout au long de la journée, aller à lui (129).

Chapelle à Maryvale

Pour voir le tabernacle il n’avait qu’à ouvrir une fenêtre de sa chambre[15]. Il était ainsi en contact avec la réalité de la foi catholique où toute chose trouve sa place, joie et souffrance, par la grâce de la présence réelle et de la proximité de Dieu.

Je n’aurais jamais pu imaginer l’extrême, l’ineffable consolation d’être dans la même maison que celui qui soigna les malades et enseigna ses disciples aux jours de sa chair, comme nous le lisons dans les évangiles (131).

Ce fut providentiel que le Saint-Père, Grégoire XVI, envoya à toute la communauté un crucifix d’argent et une relique de la vraie croix. Le cardinal Fransoni, Préfet de la Propaganda Fide, y adjoignit une lettre personnelle. Cet intérêt toucha Newman. Ce pendant, il fut davantage ému par une ‘singulière coïncidence’, comme il l’écrit à Mademoiselle Giberne :

Le certificat de garantie de la relique sacrée porte la même date que le N° 90[16] paru il y a 5 ans – et la nouvelle m’en est parvenue le jour anniversaire du manifeste d’opposition des présidents des Chambres. De telle sorte que le processus de condamnation a pris le même temps que celui qu’il a fallu pour me faire honneur (139).

Par le geste personnel et délicat du pape, Rome était venu à Mary – vale, bien longtemps avant que Newman ne quitte Maryvale pour Rome.

Dr. Nicolas Wiseman 1802-1865 Recteur du Collège anglais à Rome plus tard cardinal et archevêque de Westminster

Aux environs de Pâques, en avril 1846, moins de deux mois avant que Newman ne quitte Littlemore pour Maryvale, Mgr Wiseman lui recommande de venir à Rome pour une année d’études au collège de la Propa ganda Fide. Ce devait être, comme l’écrit Newman, ‘de ma propre volonté’ et pourtant, ‘il désirait lui en laisser l’initiative’. Le choix du collège était la ré ponse de Wiseman au désir de Newman ‘d’une éducation régulière’ (152) et d’un endroit où il ‘serait sous obéissance et discipline stricts pour un certain temps’ (283).

Le 1er juin 1846, la veille du dimanche de la Trinité, John Henry Newman, Ambrose St John et trois ou quatre de leur groupe[17] reçoivent la tonsure et les ordres mineurs dans la chapelle d’Oscott. Et ce n’est que le 9 juin qu’ils apprennent que c’était le jour même de la mort du pape Grégoire XVI. Newman, qui a prévu d’aller à Rome avec le Dr Wiseman à la fin du mois, est heureux d’apprendre que son départ est reporté à l’automne.

Aussitôt après son élection, le 16 juin, le nouveau pontife, Pie IX, envoie un mot délicat à Newman qui, le 21 juillet, écrit à Dalgairns : ‘Le nouveau pape m’a envoyé sa bénédiction et j’ai appris que ses dernières paroles avant d’entrer en conclave avaient été pour Wise man et pour moi’[18] (212). Au mois d’août, il apprend aussi de Wiseman que le cardinal Fransoni l’a assuré que la Propaganda était prête à respecter tous les désirs qu’il aurait vis-à-vis du collège ; on voulait ‘aider le mouvement’ (218). Wiseman suggère que deux personnes de Maryvale y aillent. Ambrose St John sera le compagnon de Newman (219).

2. Chez soi dans la foi romaine
La religion catholique – une religion réelle

Après un court séjour à Paris, où il se rend au sanctuaire de Notre- Dame des Victoires, en reconnaissance des prières offertes à son intention par la Fraternité du Coeur Immaculé de Marie, dont l’insigne représente la Médaille miraculeuse[19], Newman et St John passent cinq semaines à Milan. Ses lettres en donnent un compte rendu vivant. Il est venu chez lui, en catholique, à l’endroit où saint Athanase a ‘rencontré l’empereur en exil’, là où se trouve la tombe de saint Ambroise, là où sainte Monique chercha son fils, là où fut baptisé saint Augustin[20]. Il apprend à connaître, à aimer et à se sentir chez lui auprès du grand archevêque, saint Charles Borromée[21] qui, fort de l’appui du Christ, résista ‘à cette terrible tempête qui s’abattit sur la pauvre Angleterre’, la sauvant du protestantisme. Newman s’agenouille et prie presque chaque jour sur sa tombe, sûr de trouver auprès de ce grand saint de la contre-réforme une aide particulière pour sa future mission en Angleterre. Par ce simple acte de dévotion, il affirme que l’Église catholique de tout âge était devenue sa maison.

Plus que par tout autre chose, le converti est touché par la présence du Saint-Sacrement dans toutes les églises. C’est là le sujet principal de ses lettres. À Maryvale, il avait fait l’expérience de vivre véritablement avec Dieu sous un seul toit. Maintenant, à Milan, cette expérience s’élargit et se transforme : ‘Chaque fois que j’entre dans une église catholique, Dieu m’y attend’. Il écrit alors :

C’est une si grande bénédiction, en se promenant dans une ville, d’entrer dans les églises, toujours généreusement ouvertes, remplies de marbres coûteux, d’images et de crucifix offerts au passant pour qu’il les fasse siens, s’agenouillant devant eux. Et le Saint- Sacrement partout (251).

Lors de son premier voyage en Italie, en 1833, Newman n’avait pas remarqué la veilleuse du tabernacle, ni connu sa signification, puisqu’il ne comprenait pas, ni n’essayait de comprendre, ce qu’était la messe (131). Mais maintenant, il voit luire la lampe du sanctuaire qui l’invite à entrer dans les églises :

C’est vraiment merveilleux de voir cette présence divine, je dirais même, presque de la rue. A St-Laurent, nous avons vu des gens enlever leurs chapeaux de l’autre côté de la rue. Personne pour veiller la présence divine, sinon parfois une vieille femme assise devant la porte de l’Église travaillant ou vendant quelques bricoles (252).

Il est émerveillé de voir que le Saint-Sacrement est, ‘prêt à accueillir le fidèle avant même qu’il n’entre’(254). Dans l’omniprésence, pour ainsi dire, visible du Seigneur eucharistique, Newman fait aussi l’expérience de l’unité de l’Église :

Rien ne m’a si bien fait comprendre l’unité de l’Église que la présence de son divin fondateur partout où je vais. En quelque sorte, tous les endroits ne font qu’un: tandis que les amis que j’ai quittés jouissent de sa Présence et adorent le Seigneur à Maryvale, moi, je le retrouve ici ! (254)

La présence du Seigneur dans l’Eucharistie dont il a fait l’expérience à Milan et la réaction des gens lui font comprendre quelque chose d’autre. Il réalise que la foi catholique est une religion réelle et non pas une croyance parmi tant d’autres. Le fait d’aller à l’église marque les vies des gens qui vivent leur foi, qu’ils soient éduqués ou non, riches ou pauvres, vieux ou jeunes. Leur foi colore leurs vies et les fait se sentir chez eux dans les cathédrales, les églises ou les chapelles. Après les offices, leur religion les accompagne à la maison. Leurs diverses dévotions structurent leurs journées, reliant les évènements de leur vie quotidienne à la Sainte Trinité qui les crée, les sauve et les sanctifie. Nombreux sont les signes, symboles ou images leur rappelant la présence de Dieu dans les églises, chez eux, dans leur lieu de travail et les endroits où ils retrouvent leurs amis. Depuis longtemps, Newman avait réalisé que la foi naissait de l’écoute toujours plus attentive du message évangélique, de l’enseignement des Apôtres et des Pères de l’Église. Il réalise encore davantage maintenant que la foi est une force réelle et transformante dans la vie du chrétien, dans la mesure où elle est vécue en réponse à la présence du Christ dans la sainte liturgie, au cours de la sainte messe et dans la réception des autres sacrements. Et Newman d’ajouter :

Avant d’entrer dans l’Église catholique et de participer à ses offices, je n’ai jamais su ce qu’était le culte, comme fait objectif. Je dis maintenant la même chose du spectacle des assemblées dans la cathédrale (253).

Peu de gens oublieront la façon dont Newman décrit la vie d’une cathédrale catholique :

Une cathédrale catholique est un monde où chacun vaque à ses occupations, religieuses, bien sûr : Des groupes de fidèles, des gens solitaires, à genoux, debout, vénérant les reliquaires ou les autels, assistant à la messe et communiant, se croisant autour des autels illuminés comme les étoiles du firmament, cloches tintant ici ou là, alors que les chanoines dans le choeur récitent les heures des matines, laudes ou vêpres. Enfin, les volutes d’encens du maître-autel… et tout cela sans ostentation ni effort mais par habitude. Chacun à sa tâche, dans le respect de chacun (253).

À Milan, Newman apprend ce que signifie être chez soi à Rome, chez soi dans l’Église et la foi catholique. Alors qu’il était encore anglican, ‘il évitait soigneusement tous les offices en Italie’. Treize ans plus tard, il y assiste et ‘y participe vraiment’ (253).

3. Préparation à l’ordination sacerdotale à Rome et recherche d’une vocation romaine pour l’Angleterre

Il semble providentiel à John Henry Newman que lui et Ambrose St John se soient trouvés à St-Pierre alors que le pape Pie IX célébrait la messe à la Confessio.[22] C’était leur première visite depuis leur arrivée à Rome :

Le premier matin, j’étais à St-Pierre. Alors que nous récitions le credo des Apôtres devant la Confession, le pape y disait la messe. La première personne que je voyais à Rome. J’étais très près de lui. Semblable situation ne se présente qu’une fois par siècle. Personne ne peut célébrer à cet endroit, sinon le pape. Ce matin-là, par hasard, il était venu en privé. Personne n’était au courant (282).

Le collège de la Propaganda fait de son mieux pour accueillir avec attention l’éminent étudiant et son ami pour que les nouveaux convertis se sentent chez eux dans cette communauté catholique. Dans ses lettres, Newman décrit la réception cordiale du cardinal Fransoni, Préfet de la Propaganda, de Mgr Brunelli, le secrétaire général, du Père Bresciani, recteur du collège de la Propaganda. Ils font tout ‘pour rendre les choses semblables aux habitudes anglaises’ (270).

Mary Giberne peignit Newman et Ambrose St John au collège de la Propagande le 9 juin 1847

Nous étions certainement bien logés, magnifiquement même… beaucoup mieux qu’en Angleterre. Par une cloison vitrée, on avait coupé le corridor pour réunir deux chambres se trouvant chacune d’un côté du corridor. Cette partie coupée du corridor servait de pièce de passage et en même temps de salon pour les visiteurs (269).

Dans quelques lettres, il décrit ‘les très jolies chambres’ (268) et leur mobilier. Tout lui semble nouveau : le mobilier, le papier mural, les rideaux, les draps et les couvertures, même les prie-Dieu, les tables et les crucifix. Alors qu’il raconte comment leurs lits étaient faits, le lecteur imagine presque son sourire quand il dit que c’est une absurdité de penser qu’en Angleterre il avait des rideaux autour de son lit (273). ‘Nous sommes traités comme des princes, à notre grand désarroi’, écrit-il (272). Encore, avec humour ‘comme des poupées de cire ou des ornements de cheminée’ (273). Il affirme voir ‘leurs désirs devancés de manière la plus provocante’, ajoutant encore avec beaucoup d’humour ‘si bien que nous sommes obligés de faire de la contrebande en cachant certaines choses dans nos poches’ (269). En plus de la très bonne nourriture, on leur sert le thé tous les soirs, on place des poêles dans leurs chambres (276) et on leur donne ‘une clé de la bibliothèque’ (269), le tout premier jour.

Ils sont très émus. Newman mentionne dans plusieurs de ses lettres que leurs fenêtres donnent sur l’église San Andrea delle Fratte, dans laquelle Notre-Dame de la médaille miraculeuse est apparue à Alphonse Ratisbonne, le 20 janvier 1842[23] (269). À Littlemore, Newman avait réalisé que sa vie à Oxford avait été placée sous la protection de la Sainte Vierge. Il rebaptise Old Oscott, Mary Vale. À Paris, une médaille miraculeuse et une campagne de prières en sa faveur l’avaient aidé sur sa route vers l’Église catholique. Il a dû voir sa proximité avec ce lieu d’apparition, comme un signe de la providence aimante de Dieu. Le tableau de Mary Giberne[24] montre cette conscience de la protection de Notre-Dame. On y voit Newman et St John assis dans une chambre du collège alors que Notre-Dame de la médaille miraculeuse se tient au milieu d’eux, veillant sur eux[25].

Newman est touché par la gentillesse qu’il rencontre à Rome mais également inquiet. Il lui semble que ses nouveaux amis éprouvent du respect pour celui qui en fin de compte leur demeure étranger comme ‘une certaine imagination de leur part qui porte mon nom’ (294). Mais ces pensées le rapprochent de Dieu qui le connaît et lui a toujours manifesté son amour en le protégeant sur sa route. C’est ainsi qu’il écrit :

C’est si merveilleux de me retrouver ici, à la Propagande! Comme un rêve ! Paisible, en sécurité, heureux, comme si j’avais toujours été ici, comme s’il n’y avait pas eu de rupture violente ou de vicissitudes dans ma vie, plus serein et heureux que jamais. J’étais heureux à Oriel, davantage à Littlemore, aussi heureux ou davantage encore à Maryvale, et ici le plus heureux tout simplement. Enfin, dans la mesure où je peux comparer adéquatement ces différentes périodes, il m’est agréable de penser que ce moment de ma vie est le plus heureux de tous ! Une preuve évidente de la bénédiction qui est mienne (294).

L’éminent théologien anglican, penseur et prédicateur, auteur de plusieurs livres, co-auteur ou éditeur de nombreux ouvrages, leader du Mouvement d’Oxford et son brillant ami, Ambrose St John, tous deux diplômés d’Oxford, récemment convertis, se retrouvent parmi de très jeunes séminaristes étrangers et de jeunes prêtres, la plupart d’entre eux originaires de pays de mission. Quelque 120 à 150 étudiants (277, 296) de 32 langues. Newman mentionne des ‘Indiens, Africains, Babyloniens, Écossais, Américains (272), Chinois, Égyptiens, Alba – nais, Allemands et Irlandais’(283). Lui et Ambrose St John sont les seuls étudiants anglais.

Dans une lettre, il exprime sa déception de voir peu d’enseignement théologique et philosophique dans les écoles de théologie en Italie. Il espère que le pape fera quelque chose pour que Thomas d’Aquin, aimé et vénéré comme saint, soit aussi reconnu comme une autorité. Citant un Père jésuite, il écrit : ‘Ils n’ont pas de philosophie. Seuls comptent les faits, rien de plus. (279).

Cependant, jusqu’à Noël 1846, Newman et St John, selon leur bon vouloir (‘ceci aussi dépend de nous’) assistent, avec les séminaristes, aux trois cours qui ont lieu cinq jours par semaine, ‘deux sur le dogme, l’autre sur la morale’(273). Quand ils cessent de s’y rendre, ils ne font que ce que les professeurs du collège de la Propagande attendaient d’eux depuis le début. Dans une lettre à un membre de son groupe de Maryvale, intéressé à suivre des études au collège, Newman explique pourquoi, à ce moment-là, aucun cours n’était offert aux étudiants diplômés. L’enseignement, la méthode, davantage que le contenu, ne s’adressaient qu’à des débutants.

Les professeurs connaissent bien leurs sujets, mais le cours s’étale sur quatre ans, traîne en longueur, cours après cours, sur des pages ennuyeuses. Nécessaire à des jeunes gens mais non à des adultes[26].

Les deux hommes d’Oxford remplacent les cours par des études personnelles et se demandent s’ils doivent prendre un doctorat à la Propaganda. Newman cependant considère que son premier devoir est de faire connaître sa pensée théologique, notamment en matière de foi et de raison. Une pensée qui l’a amené dans l’Église et qui lui semble catholique. Il voit que la phraséologie a besoin d’être remaniée ici et là pour faciliter la compréhension dans un contexte catholique de traditions académiques différentes. Aussi propose-t-il en introduction une explication pour la traduction française à venir de six de ses Sermons universitaires prêchés devant l’Université d’Oxford, donnant aux lecteurs catholiques l’arrière-fond de sa pensée en matière de foi et de raison[27]. Au mois de mars, pour fin de publication, il traduit également quatre ‘dissertations’ de son exposé latin sur Athanasius[28] (60), pour contrer une critique se propageant d’un collège de Rome à l’autre, selon laquelle un ‘simple théoricien’ avait écrit l’Essai sur le Développement (60). Ces dissertations montrent qu’il avait bien ‘étudié, analysé, classifié et numéroté’ les documents de théologie antique, comme un critique doit le faire[29].

A l’invitation du recteur, le P. Passaglia, Newman et St John assistent au débat mensuel du Collège romain (61). Invités par le recteur, le Dr Grant, ils participent régulièrement aux rencontres théologiques du Collège anglais (57). Newman prend également plaisir à discuter de ses idées sur la foi et la raison et sur l’évolution de la doctrine avec le P. Perrone,[30] une véritable célébrité à Rome.

Par-dessus tout, les deux convertis accordent du temps à Dieu pour qu’il leur indique la façon dont leur groupe doit servir l’Église en Angleterre. Le Dr Wiseman les a déjà encouragés dans leur vocation oratorienne à Maryvale. Peu de temps après leur arrivée à Rome, ils prennent contact avec l’Oratoire, se liant d’amitié avec l’érudit P. Theiner. À partir de ce moment, ils fréquentent de temps à autre la Chiesa Nuova, s’arrêtant à la maison de l’Oratoire. Ils s’informent des règles et de l’histoire de l’Oratoire de saint Philippe, tout en observant également d’ autres congrégations.

Newman éprouve un grand respect pour la vie d’abnégation des jésuites, ‘la plus merveilleuse et la plus puissante congrégation de tous les réguliers’ (25), pour leur sainteté et leur don total (111). Il en a été témoin au Collegio di Propaganda. Il a une haute opinion des passionnistes si ‘pacifiques’ et des capucins ‘si joyeux’ bien qu’ils lui semblent les deux ordres les plus stricts (62). Il lit la règle des rédemptoristes (7f) et a des contacts avec les franciscains (10f) et les rosminiens (5). Il s’intéresse aux dominicains et, plus tard, il développe un attachement pour la vie envers les bénédictins. Il ne peut cependant pas s’imaginer moine ou régulier comme les jésuites. Il sait qu’à 46 ans, cela signifierait, non seulement abandonner le ‘fait de posséder’ et ‘endosser un nouvel habit’, mais aussi rompre avec tout son passé qui n’avait pas été uniquement sa propre vie privée. Son nom, sa personne, ses livres étaient connus de beaucoup de gens qu’il n’avait jamais rencontrés. Comme régulier, il devrait se couper de tout cela et s’il devait continuer à parler et à écrire, les gens ne sauraient pas s’il transmet le fruit de la pensée de sa communauté (‘une sorte d’instrument des autres’) ou bien s’il parle en son nom propre. En un mot, il avait besoin de ce qu’il appelait ‘la continuation, pour ainsi dire, de mon moi antérieur’[31] .

D’une part, il ne désire pas devenir moine et d’autre part, il sait ‘qu’il est appelé à une vie plus stricte que celle d’un séculier’. La règle des oratoriens lui semble être ‘une sorte de Deus ex machina‘ (16). Le 17 janvier, il écrit à Mgr Wiseman : ‘Il est curieux et très amusant qu’après toute la réflexion sur le sujet, nous revenions à l’idée première de votre Excellence et que nous pensions ne devoir faire mieux que de devenir oratoriens’ (19f). Ce même jour, la veille de la fête de la Chaire de saint Pierre, à l’époque célébrée le 18 janvier, était le premier jour d’une neuvaine de pèlerinages quotidiens à la basilique de St-Pierre jusqu’au 25 janvier, jour de la conversion de saint Paul. Quel meilleur moment pour la réflexion ?

Le 21 février, l’anniversaire de Newman, Mgr Brunelli, secrétaire de la Propaganda, obtient du Saint-Père l’autorisation pour Newman d’introduire en Angleterre la congrégation de l’Oratoire de saint Philippe Néri. Le pape Pie IX exprime sa joie en offrant le monastère de Santa Croce in Gerusalemme à la future congrégation, pour la première partie de leur noviciat à Rome, de juillet à décembre 1847.

Newman prend conscience de vivre au Coeur de l’Église. De Jéru – salem, sainte Hélène a non seulement rapporté à Rome la croix du Christ mais aussi de la terre du Calvaire. Santa Croce est en quelque sorte Jérusalem au coeur de Rome[32].

Récemment, l’autel sur lequel Newman avait célébré sa première messe et qui avait été transporté au nouveau Collegio Urbano sur le Gianicolo, est retourné à la Propaganda Fide, Piazza di Spagna où on a aménagé une petite chapelle en hommage à John Henry Newman.

Un mois avant d’emménager à Santa Croce, le 26 mai, jour de saint Philippe, le cardinal Fransoni ordonne sous-diacres Ambrose St John et John Henry Newman dans ‘sa chapelle privée’ (84). Le 29 mai, ils sont ordonnés diacres à St-Jean du Latran par le cardinal vicaire. Le dimanche de la Trinité, 30 mai 1847, ils sont ordonnés prêtres par le cardinal Fransoni à la Propaganda (84). ‘Tous les étudiants’[33] sont présents et les grandes orgues résonnent. Après l’ordination, ils visitent la résidence de Santa Croce. Le jour de la Fête-Dieu, Newman célèbre sa première messe à la Propaganda, dans la chapelle des jésuites, à l’autel surmontant le reliquaire de saint Hyacinthe, non loin de sa chambre. Le 28 juin, ils déménagent à Santa Croce et, le lendemain, Newman célèbre la messe en la fête des saints Pierre et Paul. Le soir, tous se rendent à St-Pierre, comme ils l’ont fait durant la neuvaine de janvier, cette fois pour rendre grâce.

À Santa Croce, au Coeur de l’Église, Newman va découvrir de plus en plus l’esprit de saint Philippe et, sous sa conduite, découvrir également le coeur de Jésus, la lumière de son âme qu’il adore dans l’Eucharistie. Dans la grâce de sa vocation et sous le signe de la croix, il deviendra le père des âmes dans le nouvel Oratoire de saint Philippe. Lorsqu’en décembre Newman quitte Rome, il emporte le bref du pape qu’il avait obtenu le 21 février précédent.

Newman disait au sujet du Pape Pie IX:

C’est un homme robuste, au visage agréable. Il s’est montré très bienveillant. Il nous avait raconté une anecdote sur la conversion d’un ecclésiastique anglais. Et St. John dans sa simplicité, lui demanda: “Comment s’appelle-t-il?” Sur un ton familier et vraiment avec humour, lui posant la main sur le bras, il répondit quelque chose comme: “Croyez-vous que je sache prononcer vos noms anglais?” Il est vif dans ses gestes. Traversant rapidement la pièce, il alla ouvrir une armoire et me donna une magnifique peinture à l’huile de la Mater Dolorosa.
De la lettre que Newman écrivit à F. S. Bowles le 26 novembre 1846, après sa rencontre avec le Pape Pie IX, LD XI, 285.

III. Don de soi (1856) et dernière récompense (1879)

Un simple aperçu sur les troisième et quatrième séjours de Newman à Rome permet au lecteur de mieux comprendre deux aspects supplémentaires de ce que Rome a signifié pour Newman.

Son troisième voyage, toujours avec Ambrose St John, a pour but de résoudre certains problèmes entre les deux maisons anglaises de l’Oratoire au sujet de l’interprétation de la règle oratorienne, avant d’en arriver à une rupture aux conséquences désastreuses. Cette mission est très fatigante pour Newman à un moment où il est surchargé de travail : il assume la double charge de Supérieur de l’Oratoire de Birmingham et de premier Recteur de l’Université catholique de Dublin, qui prend son envolée. En outre, la question des maisons oratoriennes est une ‘affaire de grande angoisse‘. Newman sait qu’il ne peut la mener à bien par ses seules forces. Le premier jour à Rome, le 13 janvier 1856, par une journée froide d’hiver, il visite St-Pierre, allant pieds nus de la place d’Espagne à la basilique. Seul le P. Ambrose est au courant[34]. Le séjour à Rome leur permet non seulement de clarifier les problèmes. Le Saint-Père leur accorde ce qu’ils demandent et même davantage. La façon dont Newman traite cette affaire, venant à Rome, comme un suppliant, s’en remettant à Dieu en tout, sa rencontre avec le Saint-Père et les autres membres de la hiérarchie… tout cela démontre la profondeur de sa foi dans le Christ et sa confiance humble et simple dans l’Église de Rome[35].

Lorsque Newman revient dans la Ville éternelle, pour la dernière fois, au printemps 1879, c’est à l’appel du pape. Léon XIII désire honorer le grand homme anglais pour le bien de toute l’Église, en l’élevant au cardinalat. Newman est un des neuf premiers cardinaux de son pontificat. Et le pape aime l’appeler ‘il mio cardinale‘. La providence a bien travaillé. Lors d’une visite de Lord Selborne et de sa fille, en octobre 1887, le pape affirme :

Mon cardinal ! Ce n’était pas facile, ce n’était pas facile. On le disait trop libéral, mais j’avais décidé d’honorer l’Église en honorant Newman. J’ai toujours eu un culte pour lui. Je suis fier d’avoir pu honorer un homme tel que lui[36].

Son Excellence Gioacchino Pecci, le futur Pape Léon XIII, était nonce à Bruxelles (de 1843 à 1846) lorsque le P. Dominique Barberi le rencontre en octobre 1845[37], venant d’Oxford pour assister au Chapitre des passionistes en Belgique. George Spencer savait déjà en juillet 1844 que le nonce était bien renseigné sur les hommes d’Oxford[38]. Le P. Dominique Barberi a dû être heureux de raconter à son compatriote les derniers événements d’Oxford et de Littlemore. Il venait juste d’acceuillir John Henry Newman dans ce que le converti appelait ‘l’unique troupeau du Rédempteur’[39]. Il a sans doute décrit comment il avait trouvé « l’un des hommes les plus humbles et les plus adorables » qu’il n’ait jamais rencontré, prosterné à ses pieds, le priant ‘d’entendre sa confession’ et de le recevoir au sein de l’Église catholique[40]. À partir de 1845, le nonce gardera la vie durant un intérêt pour John Henry Newman.

À en juger par ses lettres et son journal, Newman n’a même pas été conscient de l’intérêt que lui portait Pecci. Et pourtant, après son élection, il mentionne Léon XIII très souvent dans ses lettres. Le 27 octobre 1878, il écrit :

J’ai suivi avec beaucoup d’amitié et de sympathie tout ce qui a été écrit sur lui depuis son élévation. Je souhaiterais seulement qu’il soit de dix ans plus jeune. Qu’il ne le soit pas…c’est sa seule faute [41]!

Il apprécie que le pape Léon XIII propose l’étude sur saint Thomas d’Aquin aux universités pontificales et aux séminaires pour les prêtres, étude qui a beaucoup manqué à Newman lorsqu’il étudiait à Rome en 1846/47[42]. Il est très touché lorsqu’en décembre 1878 Léon XIII lui fait parvenir, par l’intermédiaire d’un ancien employé de l’ambassade de France à Rome dont Newman avait été le confesseur[43], une bénédiction papale ainsi qu’une image que le pape avait gardée dans son bréviaire et qu’il avait signée de sa main.

Peu de temps après l’élection du pape, le bruit commence à circuler en Angleterre et à Rome que Léon XIII désire nommer Newman cardinal. Lui n’accorde pas beaucoup d’attention à ces rumeurs mais, le 1er mars 1879, il écrit à Anne Mozley :

J’ai appris ces derniers jours que l’on m’offrira un chapeau de cardinal, m’accordant le privilège de continuer à vivre ici comme avant. Quelle grande bonté et quelle attention du pape à mon égard ! Je ne pourrais pas y résister et je l’accepterai. Cela met fin à tous les bruits qui disent que mon enseignement n’est pas catholique ou que mes livres ne sont pas dignes de confiance. Ces affirmations m’ont été une grande épreuve pendant si longtemps[44]!

Le 2 mars, il écrit à Pusey :

Si ce qu’on dit est vrai, le pape actuel, à son poste prestigieux de cardinal, était à Rome aussi mal vu que moi. Ce partage de sentiment et de sympathie donne une couleur particulière au geste qu’il a envers moi. Il semble dire de ne pas m’attarder à ces balivernes. Comment pourrais-je ne pas donner toute sa valeur à son acte en donnant mon accord[45]?

Dans son discours de réception du biglietto au palais du cardinal Howard à Rome, son Éminence souligne :

Je n’ai rien de la haute perfection que possèdent les écrits des saints, c’est-àdire qu’on n’y peut trouver d’erreur, mais ce que je crois pouvoir faire valoir à travers tout ce que j’ai écrit, c’est ceci : une intention droite, l’absence de vues personnelles, un caractère obéissant qui consent de bon coeur à être repris, la crainte très vive de l’erreur, le désir de servir la sainte Église, et, grâce à la divine Miséricorde, une mesure raisonnable de succès. Et je me réjouis de dire que je me suis opposé dès le début à un grand mal: Pendant trente, quarante, cinquante ans, j’ai résisté de toutes mes forces à l’esprit de libéralisme en religion.

Puis, il définit le libéralisme en religion auquel il s’est opposé depuis le tout premier temps de son séjour à Oxford. Ses déclarations résonnent encore à nos oreilles aujourd’hui :

… un credo en vaut un autre… il faut tous les tolérer, mais que tous sont questions d’opinion. La religion révélée n’est pas une vérité, mais un sentiment et un goût ; ce n’est un fait objectif, ni miraculeux… La religion… est un luxe privé que l’on peut se permettre si l’on veut, mais pour lequel il faut payer, que l’on ne doit pas imposer aux autres ou pratiquer soi-même au risque de les importuner.

Enfin, son ultime confidence de foi que la Parole de Dieu l’emporte déjà, lui fait terminer son discours sur une grande consolation et un appel fervent :

Habituellement, l’Eglise n’a rien de plus à faire que de poursuivre son devoir propre dans la confiance et la paix, à admirer le salut de Dieu dans la quiétude[46]..


[1] Voir la discussion de ‘deux anglicans spéculatifs’ visant à raffermir leur Église dans : Home thoughts Abroad, publié dans le British Magazine en 1836.

[2] Ch. St DESSAIN (éd.), The Letters and Diaries of John Henry Newman, vols. I-XXXII, London/Oxford, Nelson/Clarendon Press, 1961-2007, vol. XVII, p. 99 : A partir de maintenant ainsi abrégé : LD XVII, 99.

[3] A moins d’indication contraire, les pages des citations dans le texte renvoient à LD III.

[4] A ce moment-là, il avait déjà visité le musée du Vatican pour la première fois.

[5] Déjà Martin Luther décrivait le pape comme l’Antéchrist qui, aussitôt après Grégoire le Grand, régnera sur l’Église, s’intronisant lui-même dans le Temple de Dieu, revendiquant son autorité sur la Parole de Dieu. Cf. Schmalkald. Art. IV.

[6] Une note plus complète sur cette théorie se trouve dans la lettre de Samuel Rickards du 14 avril 1833 écrite de Naples, LD III, 287-290.

[7] J.H. NEWMAN, Apologia pro vita sua, Ad Solem, Genève 2003, pp. 193-196; 209-210.

[8] En 1843, John Henry Newman retire formellement ‘toutes les choses dures’ qu’il avait dites contre l’Église de Rome (APO, 376).

[9] Cf., LD III, 266-269.

[10] Les deux autres des trois fonctions liturgiques auxquelles il semble avoir assisté sont les offices de Jeudi-Saint et du Vendredi-Saint à la Chapelle Sixtine : Les Tenebrae (272).

[11] Extrait de son premier poème sur Rome dans une lettre adressée à sa soeur, Harriett.

[12] LD IV, 8.

[13]

[14] En remerciement, il prend le nom de Mary, cf. LD XI, 23, note 1. A moins d’indication contraire, les chiffres entre parenthèses suivants les citations renvoient maintenant à LD XI.

[15] On peut encore ouvrir la fenêtre de la chambre d’où l’on voit briller la lumière du sanctuaire près du tabernacle de la chapelle magnifiquement restaurée. Le Maryvale Institute envisage de faire de cette chambre un sanctuaire.

[16] Tract 90.

[17] Ceci découle de la lettre au Comte de Shrewsbury du 23 août 1846, LD XI, 232.

[18] Cf., lettre à Knox du 20 août 1846, (227).

[19] Cf., LD XI, 245, Diary, note 1 ; également, les notes 22 et 23 de cet essai.

[20] Cf., 252f.

[21] Cf., 250f.

[22] Cf., Diary in LD XI, jeudi 29 octobre 1846 (266).

[23] Aussi, comme exemple, LD XII 23.

[24] Mary Giberne une amie de longue date de la famille Newman, convertie par John Henry Newman.

[25] Cf., LD X, 658, note 2,

[26] LD XII, 48. Intéressante dans ce contexte est la lettre écrite par Newman au recteur du Collegio, LD XII, 88-90.

[27] Cf., LD XII, 5. A moins d’indication contraire, les chiffres entre parenthèses suivants les citations renvoient maintenant aux pages dans LD XII.

[28] Il s’agissait de ses réflexions rédigées et publiées avec sa traduction d’Athanasius dans Library of the Fathers.

[29] Loc. cit. Le 12 mai, Newman donnera son exemplaire au recteur.

[30] Cf., LD XII, 55, incluant la note 3.

[31] LD XI, 306 italiques de Newman.

[32] Cf.,(79).

[33] Cf., (84), note 2.

[34] Selon le P. Neville, cf. LD XVII, 119, note 2, se rapportant à My Campaign in Ireland, p. 214.

[35] Pour les détails, voir LD XVII Opposition in Dublin and London October 1855 to March 1857 et les chapitres de The Oratories in opposition dans M. TREVOR, Newman: Light in Winter, Londres 1962, pp. 73-84, 112-141.

[36] LD XXIX, 426, Appendix 1. Ce n’est pas le lieu de parler des immenses difficultés qui ont entouré l’élévation de Newman au cardinalat, beaucoup a été écrit à ce sujet.

[37] Il n’y a pas seulement eu la visite mentionnée par U. YOUNG, C.P., Life and Letters of the Venerable Father Dominic (Barberi), C.P., Founder of the Passionists in Belgium and England, Londres 1926, p. 259 et cité en 1975 par DESSAIN et GORNALL in LDXXIX, 426, Appendix 1, note 2, mais neuf ans plus tard, P. Urban publia une lettre du P. Dominique, écrite le 26 octobre 1845, entre ses deux visites à Littlemore dans laquelle il parle du ‘Nonce, à Bruxelles que je suis allé voir‘ (U. YOUNG, C.P., Dominic Barberi in England, A New Series of Letters, Londres 1935, p. 142).

[38] Cf., LD XXIX, 425, note 2.

[39] Voir pour les répétitions de cette expression les nombreuses lettres qu’il a écrites dans la nuit de l’arrivée du passioniste, le P. Dominique, dans les premières pages de LD XI.

[40] Letter from Tournai, October 1845, U. YOUNG, Dominic Barberi in England, Londres, 1934, p. 138.

[41] LD XXVIII, 415.

[42] Loco cit., 431, note.

[43] Cf., LD XXVIII, 435, note 1.

[44] LD XXIX, 50.

[45] LD XXIX, 55/6, note se référant à Aeneid I 630 : Non ignara mali miseris sucurrere disco.

[46] M. K. STROLZ (ed.), John Henry Newman. Mélanges pour le Centenaire du Cardinalat, Rome 1979, pp. 100-102, 105.