Les rites et ordonnances de l’Eglise n’existent pas pour eux-mêmes, ne subsistent pas par eux-mêmes, ne se suffisent pas à eux-mêmes; … Ils sont ce qu’ils sont à cause de quelque chose qui leur est intérieur; ils protègent un mystère; ils défendent une vérité dogmatique; ils représentent une idée; ils sont messagers de bonnes nouvelles; ils sont les canaux de la grâce. Ils sont la forme extérieure d’une réalité, ou d’un fait intérieur. De ceci aucun Catholique ne doute; c’est pour lui une sorte de principe premier, non à la suite d’une réflexion, mais parce qu’un sens spirituel le lui montre.
Diff. I 216 (1850)
Il n’est pas surprenant que là où l’on pense à soi plus que l’on pense à Dieu, la prière et la louange languissent, et seule la prédication bourgeonne. Le culte divin consiste simplement à contempler notre Créateur, Rédempteur, Sanctificateur, et Juge. Mais disserter, converser, faire des discours, argumenter, lire, et écrire sur la religion, tendent à nous faire oublier Sa Présence en nous-mêmes.
Jfc. 337 (1838)
Vous voyez ici la différence entre l’office d’un prophète et un simple don, comme celui des miracles. Dans les miracles, c’est Dieu seul qui agit, et directement; celui qui opère les miracles n’est que Son instrument ou Son organe. Il n’a donc pas besoin d’être saint puisque, à proprement parler, il ne prend pas part à ce qui s’opère. Il en va de même du pouvoir d’administrer les Sacrements: du fait qu’il est surnaturel et miraculeux il ne suppose pas la sainteté personnelle.
Mix. 366-367 (19.8.1849)
Il en va autrement de la charge de la prédication et de la prophétie … En effet, après avoir été reçue par l’esprit de ceux qui parlent, après y avoir mûri et pris forme, la vérité, pour ainsi dire, sort d’eux comme de sa source, comme si en eux elle était née. La parole divine est engendrée en eux et, quand elle sort d’eux, elle porte leurs traits et les fait reconnaître. Ils ne sont pas comme l’ânesse de Balaam, qui parlait d’une voix d’homme, n’étant cependant que l’instrument de la Parole de Dieu (cf. Nombr 22-24); mais ils ont « reçu l’onction venant du Saint et ils possèdent la science » (Jn 2,20), et « où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Cor 3,17). Tout en transmettant ce qu’ils ont reçu, ils donnent force et vie à ce qu’ils sentent et savent. « Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous », dit Saint Jean, » et nous y avons cru. » (Jn 4,16)
Mix. 367 (19.8.1849)
Il en a toujours été ainsi dans l’histoire de l’Eglise; Moïse n’écrit pas comme David, ni Isaïe comme Jérémie, ni Saint Jean comme Saint Paul, Chacun a sa manière, chacun a sa langue à lui, bien que ce qu’il dise soit en même temps parole de Dieu. Ce que disent les prophètes ils le disent d’eux mêmes, avec leurs raisons à eux, leurs conclusions à eux, et leur façon à eux de s’exprimer.
Mix. 367.368 (19.8.1849)
Pouvez-vous, mes frères, imaginer que des coeurs qui manifestent de tels sentiments soient profanes? Comment pourrait-il en être ainsi sans polluer, et donc nullifier, la parole de Dieu? Si la moindre décomposition rend mauvaise l’eau la plus pure …, comment se peut-il que la parole de vérité et de sainteté puisse être profitable qui sort de lèvres impures et de coeurs attachés à la terre? Non; tel arbre tel fruit; « Méfiez-vous des faux prophètes », dit Notre Seigneur. Et II ajoute, « c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? » (Mt 7,15-16) N’en est-il pas ainsi, mes frères? Qui de vous irait demander conseil à un autre, même instruit, même doué, et en plus avec l’expérience de l’âge, s’il le jugeait profane? Personne; et même si vous savez, et si vous êtes certains que, pour ce qui est de l’absolution, un mauvais prêtre peut vous la donner aussi validement qu’un saint prêtre, pour recevoir conseil, réconfort, instruction, vous n’irez pas en trouver un que vous ne respectez pas. « C’est du trop plein du coeur que la bouche parle. » « L’homme bon, de son bon trésor, sort de bonnes choses ; et l’homme mauvais, de son mauvais trésor en sort de mauvaises. » (Mt 12,34-35)
Mix. 368 (19.8.1849)
L’homme constate que le monde autour de lui n’est pas assez pour lui, et il cherche plus près une sorte d’abri, plus personnel, plus réservé, plus naturel, plus paisible et plus solide.
P.S. IV 188-189 (22.10.1837)
Croire en Dieu, c’est croire à l’existence et à la présence de Celui qui est le Saint, le Tout-Puissant, toute tendresse et pitié. Comment est-il possible de croire ainsi en Lui, et de prendre en même temps des libertés avec Lui?
P.S. VIII 5 (30.10.1836)
Croire sans révérer, rendre un culte avec familiarité et sans-gêne, est une chose anormale, et si surprenante qu’on ne la trouve même pas dans les fausses religions, sans parler de la vraie. L’adoration, et ses formes, – comme fléchir le genou, enlever ses chaussures, garder le silence, porter le vêtement prescrit, et autres choses du même genre -: on estime tout cela nécessaire pour s’approcher de Dieu comme il faut.
P.S. VIII 5 (30.10.1836)
Notre Seigneur a-t-Il dit que la magnificence dans le culte de Dieu, la magnificence dans la maison de Dieu, dans son ameublement et sa décoration, était quelque chose de mal, depuis Sa venue à Lui dans le monde? Nous décourage-t-Il de construire de belles églises, ou d’embellir le cérémonial liturgique? Nous a-t-Il exhortés à la parcimonie? A-t-Il traité de peu la qualité architecturale? A-t-Il laissé entendre que le plus grand plaisir à Lui faire serait de moins se soucier de ce qui entoure le culte? En se détournant du Temple d’Hérode a-t-Il interdit aux Chrétiens de montrer leur dévotion?
C’est ce que beaucoup pensent. Je n’exagère pas en disant que, pour eux, plus simple et familier leur culte et plus spirituel il devient. Leur raisonnement est que rechercher la beauté extérieure au service du Sanctuaire fait ressembler aux Pharisiens, être vide sous une belle apparence, et que, du fait que les Pharisiens prétendaient montrer une sainteté et un esprit religieux qu’ils n’avaient pas au coeur, il résulte que quiconque vise à une religion extérieure y sacrifie aussi en son propre intérieur.
P.S. VI 298-299 (23.9.1839)
Voici ce que Notre-Seigneur a condamné: prêter grande attention aux signes extérieurs tout en négligeant les réalités intérieures, qui sont plus importantes. Il le déclare Lui-même dans Ses malédictions aux Pharisiens: « C’est ceci qu’il fallait pratiquer sans négliger cela – l’intérieur! » (Cf. Mt 23,23)
P.S. VI 301-302 (23.9.1839)
Les gens qui laissent de côté la dignité et la beauté dans le culte de Dieu, afin de pouvoir prier plus spirituellement, oublient que Dieu est Celui qui a tout fait, le visible comme l’invisible; qu’il est le Seigneur de nos corps tout comme de nos âmes; qu’on doit L’adorer en public tout comme dans le secret … Il n’y a pas deux dieux, l’un de la matière et l’autre de l’esprit, l’un de la Loi, l’autre de l’Evangile. Il n’y a qu’un seul Dieu, et II est le Maître de tout ce que nous sommes, et de tout ce que nous avons; et tout ce que nous faisons doit donc être approuvé de Son sceau et de Sa signature. Il nous faut, bien sûr, commencer par le coeur, car c’est du coeur que procèdent tout bien et tout mal; mais commencer par le coeur ne veut pas dire en finir par le coeur.
P.S. VI 304 (23.9.1839)