Dr. Brigitte Maria Hoegemann FSO
Longtemps avant que Newman ne visite Rome, la ville devait déjà résonner en lui. Son seul nom lui rappelait non seulement l’antique Cité, le Royaume, la République, l’Empire, son apogée et son déclin, son histoire prestigieuse de trois mille ans, mais aussi son immense soif de pouvoir et sa culture unique à la fois païenne et chrétienne. La Rome antique était déjà un sujet d’intérêt particulier pour le jeune étudiant d’Oxford. Il y voyait probablement aussi le centre visible de l’Église catholique du temps des Apôtres. Le professeur avait la conviction, déjà depuis sa jeunesse à Ealing, que la foi chrétienne était devenue au fil du temps tellement corrompue que plusieurs considéraient Rome comme l’oeuvre de l’Antéchrist. Le seul nom de la ville éveillait en lui des notions et des émotions à la fois heureuses et douloureuses. Dans une de ses oeuvres, il fait dire à un anglican qui évoque la ville: « Un chrétien ne peut jamais la considérer sans pensées des plus amères, des plus aimantes et des plus mélancoliques. »
Au cours de son cheminement personnel, l’attitude de Newman visà-vis de Rome devient plus simple et plus claire. Il visite la Ville éternelle à quatre reprises, dans les troisième, quatrième, cinquième et septième décennies de sa vie. Ces visites sont des points de repères biographiques soulignant ses changements d’attitude face à la Ville et à l’Église. Il visite Rome pour la première fois, au printemps de 1833, à l’invitation d’amis, pour un long voyage en Europe méridionale.
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