David Lewis: un héros gallois au Mouvement d’Oxford.

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Seán McLaughlin

C’est à juste titre que l’on associe le Mouvement d’Oxford à ses trois principaux protagonistes : Newman, Keble et Pusey. Ces professeurs de l’Oriel College apportèrent au mouvement leur capacité à diriger, leur enthousiasme et leur rigueur intellectuelle  qui devaient assurer le succès du Mouvement d’Oxford, tant et si bien que son influence commença à éclipser le très populaire Mouvement Evangélique, à partir du milieu des années 1830. Pourtant, aussi déterminant qu’ait été leur rôle, on ne saurait réduire la genèse, l’évolution et les conséquences du Mouvement d’Oxford aux seuls Keble, Pusey et Newman. Le mouvement est redevable à beaucoup d’hommes qui, chacun à leur manière, ont contribué à sa cause.  Nous allons ici tenter de mettre en lumière quelques « hommes du mouvement » qui sont depuis longtemps tombés dans l’obscurité et dans les oubliettes de l’histoire.

David Lewis était l’un de ceux-là. Lewis naquit à Llanddeiniol, Ceredigion, au Pays de Galles en 1814. Il fréquenta une école locale, puis une grammar school à Twickenham,  fondée par le frère de son père, David Lewis, docteur en théologie de l’Université d’Oxford.  Il s’inscrivit à Oxford en 1834, un an après le début du mouvement. Comme il était naturel pour un gallois, il devint un alumnus – un élève- du Jesus College, dont il sortit diplômé en 1837. Son frère  Evan Lewis, qui le suivit à Jesus College en 1838, allait lui aussi devenir une figure déterminante du mouvement tractarien au Pays de Galles.

Ordonné prêtre dans l’Eglise Anglicane après ses études, Lewis devint vicaire d’une chapelle privée à Roehampton, alors un centre des idées tractariennes.  En 1839, il fut nommé fellow – professeur- au Jesus College, puis doyen et vice-principal. Vers la fin du ministère de Newman à St Mary, la paroisse de l’Université, Lewis y fut nommé vicaire de 1842 à 1843.  Les Lettres & Journaux de Newman rapportent qu’ils se promenaient et dinaient fréquemment ensemble. Lewis fut en fait un soutien précieux pour Newman au cours des mois difficiles  qui suivirent la publication du tract 90 en 1842, qui eut pour conséquence ultime le retrait de Newman à Littlemore et sa démission comme curé de St Mary, la paroisse qu’il aimait tant. Si Lewis ne vécut pas à Littlemore, Newman avait une grande admiration pour son intelligence, et il fit de lui un ami et un confident. Inspiré par Newman, Lewis le suivit dans la pleine communion de l’Eglise catholique, le 31 mai 1846, après avoir démissionné de son poste au Jesus College. La correspondance qu’ils échangèrent met en évidence la confiance et l’affection de Newman pour Lewis. En 1847, Newman l’informa à l’avance que lui-même et un groupe d’amis allaient devenir Oratoriens. L’année suivante, au moment de publier anonymement le roman Perte et gain, Newman se tourna vers Lewis et lui demanda d’agir comme intermédiaire avec les imprimeurs.

En 1849 Lewis épousa Mlle Jane Meuthen. Comme laïc, il souhaitait prendre part à l’héritage du mouvement, particulièrement pour les convertis. Il participa avec le Duc de Norfolk et A. Fulleton, à la fondation du  premier Oratoire de Londres, situé King William Street, dans le quartier du Strand, en 1849. A partir de 1860 il s’installa à Arundel où il consacra le restant de ses jours à étudier le droit canon, l’histoire de l’Eglise et la vie des saints. Tout au long de sa vie, il maintint des liens étroits avec les Oratoriens du Brompton Oratory, et dinait régulièrement avec eux le jour de la St Philippe. Il mourut à Arundel en 1895.  On peut certainement appliquer à Lewis les paroles de Newman : « Bénis soient ceux qui décident de suivre – dans le bien comme dans le mal, dans le beau temps comme dans la tempête, dans l’honneur comme dans le déshonneur- leur Seigneur et Maître, leur Roi et Dieu. »

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