En cette saison, approchons-nous de lui avec crainte et amour, lui en qui réside toute la perfection, et de qui nous sommes autorisés à la recevoir. Venons au sanctificateur pour être sanctifiés. Venons à lui afin de connaître où est notre devoir, et aussi de recevoir la grâce pour l’accomplir. À d’autres périodes de l’année, il nous est rappelé que nous devons veiller, œuvrer, lutter et souffrir ; mais en cette saison, il n’est question que des cadeaux de Dieu envers nous, pécheurs, « car ce n’est pas à cause des œuvres de justice que nous aurions accomplies, mais en vertu de sa grâce qu’il nous a sauvés ». Nous devons nous rappeler que nous ne pouvons rien faire, et que c’est Dieu qui fait tout. Cette saison est tout particulièrement celle de la grâce. Nous venons à lui pour voir et pour expérimenter la miséricorde de Dieu. Nous venons devant lui comme ces hommes et ces femmes impuissants qui, durant son ministère, étaient amenés à lui sur des lits et des couches pour être guéris. Nous venons nous aussi pour être délivrés. Nous venons comme de petits enfants pour être nourris et enseignés, « comme des enfants nouveau-nés qui désirent le lait non frelaté de la parole, afin que par lui nous croissions pour le salut » (1 P 2,2). C’est le temps où doivent régner en nous l’innocence, la pureté, l’aménité, la douceur, le contentement, et la paix. C’est le temps où l’Eglise tout entière est drapée de blanc, dans sa robe de baptême,dans l’habit brillant et chatoyant qu’elle porte sur la sainte Montagne. À d’autres moments, le Christ vient en habits tachés des sang ; mais aujourd’hui il vient à nous en toute sérénité et paix, et il nous demande de nous réjouir en lui, et de nous aimer les uns les autres. Ceci n’est pas le temps de la tristesse, de la jalousie, des soucis, de la vie facile, des excès ou de la débauche : « point de ripailles ni d’orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies (Rm, 1313), comme dit l’Apôtre ; mais c’est le moment de revêtir le Seigneur Jésus Christ, « qui ne connaissait pas le péché, et dans la bouche duquel ne fu point trouvée de fraude ».
Que chaque Noël, quand il vient, nous trouve de plus en plus à l’image de celui qui, à cette même époque, devint un petit enfant pour notre salut, plus simples et droits de cœur, plus humbles, plus saints, plus affectueux, plus résignés, plus heureux, plus remplis de Dieu.
extrait de Le Mystère de la Sanctification (PPS V, 7)