Le Sacré dans la Liturgie (deuxième partie)

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De ce qui a été dit, tirons donc, en résumé, cette leçon qu’il nous faut pour le moins, dans le service de Dieu, être aussi exigeants et aussi ordonnés que pour nous-mêmes et pour notre demeure.

P.S. VI 311 (23.9.1839)

N’oublions jamais que tout ce que nous pouvons Lui offrir, bien que créé par Lui, n’est d’aucune valeur comparé à ce que Dieu Lui-même nous donne dans l’Evangile, et qui est plus précieux. Même si nos fonts baptismaux et notre autel étaient de marbre coûteux, même si nos vases sacrés étaient d’or et de pierreries, même si nos murs étaient revêtus de riches tapisseries: qu’est tout cela auprès du Christ, le Fils de Dieu et Fils de l’homme, ici présent, mais invisiblement? Que le visible ne vienne pas nous masquer l’invisible, mais nous le rappeler …

P.S. VI 312 (23.9.1839)

Ni or ni argent, ni bijoux ni pur lin, ni le talent des hommes à les utiliser, ne font la Maison de Dieu, mais les adorateurs, les âmes et les corps de ceux qu’il a rachetés. Pas seulement les âmes: Il prend possession de l’homme tout entier, qui est à la fois corps et âme.

P.S. VI 287 (22.9.1840)

Nos langues doivent Le prêcher, et nos voix Le chanter; nos genoux devant Lui doivent fléchir, nos mains suppliantes vers Lui se lever, et nos têtes devant Lui se courber; nos visages doivent Le rayonner, et notre démarche annoncer Sa venue. Nous avons alors la dévotion communautaire, les formes de la prière, le rituel liturgique, le déroulement des offices religieux, les différents ordres des ministres du culte, les ornements sacrés, la grave musique, et autres choses semblables. En tout ceci, c’est pour ainsi dire la venue en notre monde du Royaume invisible du Christ.

P.S. VI 287-288 (22.9.1840)

Le sanctuaire est plus digne que l’or; ne vous inquiétez donc pas si l’or en est absent; mais appréciez-le si vous l’avez, à cause du sanctuaire qui le rend sacré. Le Christ est avec nous, même s’il ne s’entoure pas visiblement d’éclat … Les murs de pierre ne font pas une église. Même dans l’édifice le plus vaste, le plus grandiose, le plus riche sur terre, le Christ ne serait pas avec ceux qui prêcheraient un évangile différent de celui qu’il a transmis une fois pour toutes … C’est le sanctuaire qui rend l’or sacré; et c’est l’invisible Présence divine qui seule rend sacrés les choses ou les lieux. Que le sanctuaire soit somptueux ou pauvre, que tout y soit coûteux ou ordinaire, seule la Présence divine sanctifie fidèles et édifice.

P.S. VI 290-291 (22.9.1840)

[[La prière] est une habitude de se tourner vers Dieu et le monde invisible, à tout moment, en tout lieu, en toute nécessité …

P.S. IV 230 (10.12.1837)

L’Eglise Catholique ne permet pas d’opinions personnelles en matières de foi, mais elle donne à ses enfants une grande latitude pour ce qui touche aux prières …

L.D. XXVIII 150 (25.12.1876)

Les prescriptions rituelles et autres ordonnances, loin d’être vides de sens, ont de leur nature pouvoir de nous pénétrer l’imagination des grandes vérités révélées, et de nous en laisser le souvenir; loin d’être des superstitions, elles sont dans leur principe approuvées expressément par l’Ecriture, et dans leur forme un héritage que l’Eglise a reçu de la tradition. De plus, le fait qu’en chaque pays l’Eglise ait eu son fondateur particulier rend compte des variations d’un pays à l’autre.

Tracts I 34, 7 (9.9.1833)

La vraie régénération, celle qui est efficace, c’est lorsque la semence de vie dans l’homme a pris racine et grandit. Ceux qui sont ainsi régénérés ont pris l’habitude de parler à Dieu, et Dieu leur a toujours parlé.

P.S. IV 234><10.12.1837)

Notre-Seigneur était respectueusement attaché au système religieux sous lequel II était né; non seulement à ce qui y était directement d’origine divine, mais encore à des prescriptions venues d’hommes religieux mais sans inspiration particulière, ou à ce qui n’émanait que de l’autorité ecclésiastique. Ses Apôtres firent de même après Lui … Bien sûr, ils enseignèrent que les rites juifs n’étaient plus d’aucune utilité pour obtenir la faveur de Dieu, et qu’il fallait désormais voir en la mort du Christ la seule et parfaite réconciliation des pécheurs … Mais eux-mêmes ne renoncèrent pas pour autant à ces rites juifs, et ils n’obligèrent personne à le faire qui y était accoutumé. La coutume leur était une raison suffisante de conserver ces rites.

P.S. II 70-71 (1.1.1831)

Si catégorique que soit Saint Paul dans son opposition à toutes tentatives de contraindre les Gentils à se soumettre aux rites de la Loi, il n’exige pourtant pas des Juifs qu’ils y renoncent, et préfère même qu’ils les conservent; laissant à une autre génération, trop jeune pour les avoir connus, de les discontinuer, si bien que leur pratique cesserait peu à peu. Bien plus, il circoncit lui-même Timothée lorsqu’il décida de l’emmener avec lui, afin de ne pas offenser les Juifs. (Act 16,1-3)

P.S. II 71 (1.1.1831)

On peut dire que la Bible nous donne l’esprit de la religion; mais c’est à l’Eglise de pourvoir le corps que cet esprit doit animer. La religion doit se réaliser en des actes précis pour demeurer vivante.

P.S. II 74 (1.1.1831)

Une religion abstraite n’existe pas. Lorsqu’on essaie d’adorer Dieu d’une manière (que l’on dit) plus spirituelle, on en arrive, en fait, à ne plus L’adorer du tout. C’est fréquemment le cas. Les jeunes, par exemple, (et ceux aussi, peut-être, qui devraient être plus sages) s’interrogent parfois: « Quel besoin y a-t-il de prier régulièrement, matin et soir? Pourquoi se servir d’une formule? Pourquoi s’agenouiller? N’est-il donc pas possible de prier au lit, ou en marchant, ou en s’habillant? » Ils finissent par ne plus prier du tout. Ou encore: que sera la prière des gens de campagne si, après avoir dépouillé leur religion de tous ses symboles extérieurs, nous les invitons à fixer leurs regards sur l’Invisible?

P.S. II 74 (1.1 .1831)

En religion il nous faut débuter par ce qui nous paraît formalisme. La faute ne sera pas de débuter ainsi mais elle sera de poursuivre dans une religion formelle. Notre devoir, en effet, est de prier et de faire effort pour entrer toujours plus avant dans l’esprit véritable de notre service. A mesure que nous le comprendrons et l’aimerons, il ne sera plus pour nous une formalité et une tâche, mais il exprimera vraiment nos sentiments intérieurs. Ainsi peu à peu nos cœurs cesseront d’être des cœurs de serviteurs pour devenir des cœurs d’enfants du Dieu tout-puissant.

P.S. III 93-94 (20.11.1831)

Les rites prescrits par l’Eglise qui sait ce qu’elle fait, – car elle tient du Christ son autorité, étant depuis longtemps en usage, ne peuvent être abandonnés sans dommage à nos âmes.

P.S. II 77-78 (1.1.1831)

Nous rencontrons parfois des personnes, qui demandent pourquoi nous observons telles ou telles cérémonies ou pratiques; pourquoi par exemple nous employons des formes de prière avec tant de circonspection et de rigueur, ou pourquoi nous persistons à nous agenouiller pour recevoir le Sacrement de la Cène du Seigneur, … ou pourquoi [persister à] célébrer le culte public de Dieu seulement en des endroits consacrés? … Celles-ci et bien d’autres questions peuvent être posées, et toutes avec l’argument: « Il s’agit de choses indifférentes; la Bible n’en parle pas. »

Or la réponse formelle à cette objection est que la Bible n’a jamais eu l’intention de nous prescrire ces choses, mais bien les points de la foi; et que même si elle mentionne par hasard nos devoirs pratiques et certains points relatifs à la forme et la discipline, même alors elle ne se met pas à nous dire que faire, mais principalement que croire …

P.S. II 72 (1.1.1831)