Seán McLaughlin
Dans une charmante page de réflexion que Newman écrivit alors qu’il se trouvait à l’Oratoire de Birmingham, il explique pourquoi les catholiques dédient le mois de mai à Notre Dame. Tout d’abord, Newman considère en quoi le cours naturel des saisons, débordant de vie et de floraison au printemps, convient parfaitement à Notre Dame. De même que, poursuit Newman, comme l’hiver est passé et que l’obscurité recule, une nouvelle vie apparaît sur terre, ainsi Notre Dame, comme aube de notre salut, a annoncé la venue du Rédempteur. C’est pour cette raison, affirme Newman, que, tout à la joie que l’hiver soit fini, nous dédions le mois de mai tout spécialement à Notre Dame.
Toutefois, avant de poursuivre sa réflexion sur les splendeurs de mai et de Notre Dame, il s’autorise une courte pause dans laquelle, très sensible à l’esprit anglais, il ajoute qu’on pourrait facilement objecter qu’un mois de mai anglais peut être tout sauf magnifique et qu’il est souvent maussade, peu clément et humide ! Que ceux qui se plaignent de la pluie en mai n’oublient pas que « mai, au moins, est un mois de promesse et d’espoir – même s’il fait mauvais temps – un mois qui signale et annonce l’été. » En conséquence nous pouvons nous tourner vers Notre Dame, non seulement comme le signe annonciateur d’une nouvelle vie, mais comme la promesse d’une humanité rachetée. Newman ajoute : « Le prophète dit ‘Une pousse sortira de la souche de Jesse, un surgeon poussera de ses racines.’ Qui est le surgeon, sinon Notre Seigneur ? La pousse, la belle tige, la plante, à partir de laquelle croît la fleur, sinon Marie, Mère de Notre Seigneur, Marie Mère de Dieu ? Les prophètes avaient annoncé que Dieu viendrait sur terre. Quand vint le temps dans sa plénitude, comment a-t-il été annoncé ? C’est l’Ange qui l’a annoncé à Marie. ‘Salut, pleine de grâce’, dit Gabriel, ‘le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes.’ Assurément, elle était la promesse de la venue du Sauveur, et par conséquent, le mois de mai est devenu son mois attitré. »
Si l’on considère l’année liturgique, le mois de mai est par-dessus tout le mois de la Joie. De tous les mois de l’année, mai est à la fois le plus sacré, le plus joyeux et le plus festif du calendrier de l’Eglise. Newman s’interroge : « Qui souhaiterait que février, mars ou avril soit le mois de Marie, étant donné que c’est le temps du carême et de la pénitence ? Et qui choisirait décembre, le temps de l’Avent – un temps d’espérance, certes, car Noël approche, mais aussi de jeûne ? Noël proprement dit ne dure pas un mois. « Par contre, mai appartient au grand temps de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte, la naissance de l’Eglise. Mai est le mois où l’on dit souvent « Alléluia », où résonne la joie de Pâques et où la promesse de l’Esprit est attendue. « En cela, nous avons la raison pour laquelle mai est dédié à la Vierge Marie. Elle est la première des créatures, la créature de Dieu la plus agréable, celle qui Lui est la plus chère et la plus proche. Il est donc particulièrement approprié que lui soit dédié le mois de mai, au cours duquel nous nous réjouissons de sa grande Providence à notre égard, de notre rédemption et sanctification en Dieu, le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit. »
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