Quid ad te ? Tu me sequere. (« En quoi cela te regarde-t-il ? Toi, suis-moi. » Jn 21, 22.)
1. O mon Dieu, toi et toi seul es toute sagesse et toute science ! Tu sais, tu as déterminé tout ce qui nous arrivera du début à la fin. Tu as ordonné les choses de la manière la plus sage, et tu sais ce qu’il m’adviendra année après année jusqu’au jour de ma mort. Tu sais combien de temps j’ai à vivre. Tu sais comment je mourrai. Tu as tout établi avec précision, hormis le péché. Chaque événement de ma vie est le meilleur qui puisse m’arriver, car il a été voulu par toi. Ta merveilleuse Providence me conduit année après année, de la jeunesse à la vieillesse, avec la plus parfaite sagesse et le plus parfait amour.
2. Mon Seigneur, toi qui vins dans ce monde pour accomplir la volonté de ton Père et non la tienne, rends-moi docile et soumis à la volonté du Père et à la tienne. Je crois, ô mon Sauveur, que tu sais parfaitement ce qui me convient. Je crois que tu m’aimes mieux que je ne m’aime moi-même, que tu es très sage dans ta providence et tout-puissant dans ta protection. Je suis aussi ignorant que l’était Pierre des choses qui doivent m’arriver ; mais je me résigne entièrement à mon ignorance, et te remercie de tout mon cœur de m’avoir retiré le gouvernement de moi-même – tâche trop lourde pour moi – et d’en assumer toi-même la charge. Je ne puis rien demander de mieux que d’être à ta charge et non à la mienne. Je proteste, ô mon Seigneur, que, secouru par ta grâce, je te suivrai partout où tu iras et où tu me conduiras. J’attendrai que tu me conduises, et quand tu viendras me chercher, je te suivrai docilement et sans crainte. Et je te promets de ne pas me montrer impatient si parfois tu me laisses dans la perplexité et l’obscurité ; ni de jamais me plaindre ou de m’irriter si je suis dans l’anxiété ou le malheur.
3. Je sais, ô mon Seigneur, que tu tiendras tes engagement vis-à-vis de moi, tout comme moi, soutenu par ta grâce, je désire remplir mes engagements envers toi. Je sais bien que tu n’abandonnes jamais ceux qui te cherchent ni ne déçois ceux qui mettent en toi leur confiance. Et je sais également que plus je prie pour obtenir ta protection, plus je suis assuré de l’acquérir. C’est pourquoi je crie vers toi, et te supplie de me préserver de moi-même et de m’empêcher de suivre d’autres volontés que la tienne. Je te demande également de tempérer, dans ton infinie compassion, la rigueur des desseins que tu as sur moi. Ne m’envoie pas, ô mon tendre Seigneur – s’il est permis de formuler une telle prière – de ces terribles épreuves que seuls peuvent supporter les saints. Aie pitié de ma faiblesse et conduis-moi sûrement et tranquillement vers le ciel. Néanmoins je remets tout entre tes mains, mon Sauveur – je ne marchande rien -je te demande seulement d’accroître tes grâces si tu accrois mes épreuves, et de m’inonder de la plénitude de ta force et de ta consolation afin que ces épreuves produisent en moi non la mort, mais la vie et le salut.
(John Henry Newman, L’Enseignement de Quarante Jours part XII, Méditations sur la Doctrine Chrétienne, Ad Solem 2000, pp. 105-107)